Leadville 100 : le trail aux États-Unis change de dimension
Deux records mythiques sont tombés la même journée : un symbole d’une nouvelle ère.
Le 16 août 2025 restera comme une date clé dans l’histoire du trail américain. Sur le Leadville Trail 100, course emblématique du Colorado, deux performances hors normes ont redessiné le paysage de l’ultra : David Roche a battu pour la deuxième année consécutive le record masculin, et Anne Flower a effacé une marque féminine que l’on croyait éternelle.
Pourquoi Leadville 2025 marque un tournant pour le trail américain ?
-
Deux records historiques effacés le même jour
– Celui de Matt Carpenter (2005) semblait déjà imbattable avant que Roche ne l’efface en 2024. Le battre une seconde fois, avec encore 14 minutes de moins, confirme que ce qui paraissait inatteignable n’était en réalité qu’un palier.
– Le record féminin d’Ann Trason (1994) avait survécu 31 ans, résistant à toutes les générations. Le voir tomber en 2025 avec Anne Flower symbolise un renouvellement complet. -
Une nouvelle génération de références
Carpenter et Trason étaient les légendes absolues de Leadville. Leurs chronos faisaient figure de “mythe fondateur”. En les dépassant, Roche et Flower redéfinissent les standards de performance, un peu comme Kilian Jornet et François D’Haene l’ont fait sur l’UTMB. -
L’évolution des méthodes d’entraînement et de nutrition
– Roche est l’incarnation d’une approche moderne : gros apports en glucides, travail qualitatif plutôt que volume extrême, récupération optimisée.
– Flower montre qu’une athlète issue de distances plus courtes (50 km, marathon) peut exploser sur 100 miles grâce à une préparation ciblée. -
Un impact sur la perception des femmes dans l’ultra
Flower termine deuxième au scratch, à moins de trois heures du vainqueur. C’est un message fort : sur ce type de terrain et de distance, la hiérarchie hommes/femmes est en train de se resserrer. -
Un signal envoyé à l’ultra mondial
Si deux records aussi “intouchables” tombent à Leadville, cela inspire les coureurs et ouvre des perspectives sur d’autres courses mythiques (UTMB, Hardrock, Diagonale). On n’est plus dans la conservation des chronos, mais dans leur redéfinition permanente.
La fin des records intouchables avec Leadville 100
Depuis 2005, le chrono de Matt Carpenter (15 h 42) résistait à toutes les tentatives, jusqu’à ce que David Roche le pulvérise en 2024. Beaucoup pensaient à un exploit isolé. Cette année, il a récidivé en 15 h 12 min 30 s, 14 minutes plus vite que son propre record. Preuve que son approche — plus scientifique, plus axée sur la qualité — n’était pas un coup de chance.
Chez les femmes, l’histoire est encore plus marquante. Le record d’Ann Trason, établi en 1994 (18 h 06), paraissait hors d’atteinte depuis plus de trente ans. La victoire d’Anne Flower en 17 h 58 min 19 s, deuxième au scratch, change totalement la donne : la nouvelle génération ne court plus derrière les légendes, elle les dépasse.
Des méthodes nouvelles, une nouvelle génération
Ce double record illustre aussi l’évolution des approches. Roche incarne une préparation moderne : apports massifs en glucides (150 g/h), intervalles courts en côte, récupération par la chaleur. Flower, elle, arrive du marathon et des formats 50 km/50 miles, prouvant qu’avec un travail ciblé, il est possible de briller dès sa première tentative sur 100 miles.
Au-delà des chiffres, il y a un symbole fort : la proximité entre les chronos masculins et féminins. Terminer deuxième au scratch sur une telle épreuve rappelle que l’écart entre les sexes se réduit dans l’ultra-endurance.
Quand Leadville inspire tout le trail mondial
L’édition 2025 de Leadville ne se contente pas de réécrire les classements. Elle marque un tournant historique : la fin de l’ère des records intouchables et l’ouverture d’une nouvelle dimension pour le trail américain. Ce qui s’est produit dans le Colorado résonne bien au-delà des Rocheuses : désormais, chaque course mythique — de la Western States à l’UTMB — semble vouée à voir ses références tomber plus vite qu’on ne l’imaginait.