La canicule ne frappe pas seulement les vallées et les plaines. Elle grimpe, elle escalade, et elle s’invite jusque sur le toit de l’Europe. Ce lundi 11 août, le thermomètre a affiché des valeurs positives… au sommet du mont Blanc. À 4 806 mètres d’altitude, là où même en été la glace et la neige sont censées régner en maîtres, on a enregistré +1 °C. C’est la deuxième fois de l’été que cela se produit, preuve que nos montagnes sont en train de vivre une accélération climatique inquiétante.
Pour les traileurs, randonneurs et alpinistes, c’est bien plus qu’une statistique météo : c’est un signal d’alarme. Les glaciers, déjà en recul rapide, fondent encore plus vite quand la neige de surface disparaît et laisse place à la glace sombre, qui absorbe davantage la chaleur. La Mer de glace recule de 30 à 40 mètres chaque année, et l’on parle désormais de décennies, pas de siècles, avant leur disparition quasi totale en France.
En ce début de semaine, l’isotherme 0 °C a culminé à 5 113 mètres selon les relevés suisses, soit plus de 300 mètres au-dessus du sommet du Mont-Blanc.
Même si une légère baisse est prévue d’ici jeudi, avec un retour des températures négatives sur les plus hauts sommets, le mercure restera brûlant dans les vallées, flirtant avec les 38 à 40 °C. Deux départements de haute montagne, l’Isère et la Haute-Garonne, sont en vigilance rouge, un signe que même à altitude élevée, la chaleur devient extrême.
La répétition de ces épisodes est lourde de conséquences pour les pratiquants de montagne.
Sentiers instables, ponts de neige fragilisés, chutes de pierres plus fréquentes : les risques augmentent, et pas seulement pour les alpinistes engagés sur les faces nord. Les courses de trail de fin d’été pourraient elles aussi être impactées, avec des passages habituellement enneigés devenus instables ou boueux, et des températures anormalement élevées sur les crêtes.
Les scientifiques le répètent : le réchauffement climatique est presque deux fois plus rapide dans les Alpes que la moyenne mondiale.
Et dans un horizon 2100, si rien ne change, il n’y aura plus de glaciers en France. Pour ceux qui aiment courir, marcher ou grimper en montagne, ce constat sonne comme une perte irréversible. Le Mont-Blanc restera peut-être debout… mais il ne sera plus le même.
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