Ultra Marin : ceux qui disent que « ce n’est que de la marche » n’y ont jamais mis les pieds
Chaque été, l’Ultra Marin attire des centaines d’ultra-traileurs dans le Golfe du Morbihan. Une boucle de plus de 175 kilomètres au départ de Vannes, réputée plate… mais qui n’a rien d’une promenade de santé. Ceux qui la jugent « trop facile » n’ont probablement jamais tenté de passer ses barrières horaires sans s’écrouler.
Ultra Marin
Ultra Marin, une course de plat… qui casse
L’Ultra Marin se déroule quasiment au niveau de la mer. Très peu de dénivelé, des chemins côtiers, un terrain globalement roulant. Sur le papier, cela ressemble à un long footing en bord de mer. En réalité, c’est un ultra redoutable. L’absence de montées ne signifie pas absence de difficulté : le rythme est constant, sans pauses naturelles imposées par la pente. Et sur une telle distance, cette régularité devient éreintante. La moindre erreur de pacing se paie très vite.
Les barrières horaires : le juge impitoyable
Mais ce qui rend l’Ultra Marin particulièrement exigeant, c’est son découpage horaire. Les barrières sont strictes, réparties tout au long du parcours. Chaque ravitaillement est un test, chaque minute compte. Si un coureur arrive ne serait-ce que dix minutes trop tard, la sanction tombe : course arrêtée.
Prenons un exemple concret : pour franchir la barrière des 154 km avant 19h00 (environ 23h30 après le départ), il faut maintenir une allure moyenne de 9,2 min/km… pauses comprises. Il ne s’agit donc pas d’avancer « à la marche », mais bien de courir par moments, même sur les jambes du deuxième jour.
Pas juste une question de jambes
Ce que l’Ultra Marin met en jeu, ce n’est pas seulement la condition physique. C’est aussi la stratégie. Les finishers sont ceux qui savent quand ralentir, quand s’arrêter — mais surtout, quand repartir. Dormir cinq ou dix minutes peut tout changer. Ou tout ruiner. Car peu osent vraiment se reposer, de peur de se faire piéger par la montre.
Le sommeil, ou plutôt son absence, est souvent ce qui fait tomber les coureurs. Et quand la lucidité vacille, c’est tout le corps qui finit par lâcher. Dans cette course, on ne joue pas avec les jambes, on joue avec les nerfs.
Une performance bien trop sous-estimée
Sur les réseaux sociaux, certains s’empressent de critiquer les allures « lentes » affichées à l’Ultra Marin. Pourtant, tenir 12 minutes au kilomètre pendant 30 à 36 heures, sans vraie pause, sans nuit complète, avec la chaleur et l’humidité bretonnes… ce n’est pas une sortie du dimanche. C’est une guerre d’usure.
Courir un 10 km en 40 minutes n’a rien à voir avec tenir un effort aussi long et aussi linéaire. C’est un autre sport, une autre exigence. Et ceux qui s’y frottent le savent bien.
L’Ultra Marin face aux autres grandes courses
Pour mieux comprendre, il suffit de comparer l’Ultra Marin avec d’autres ultra-trails réputés en France. Le tableau ci-dessous montre que, malgré son faible dénivelé, cette course impose des contraintes horaires particulièrement serrées.
Ce que ce comparatif révèle
Quand on observe ce tableau, plusieurs éléments sautent aux yeux :
- L’Ultra Marin, malgré son profil roulant, impose une allure moyenne exigeante sur 42 h, avec très peu de temps disponible pour dormir ou se reposer.
- Les ultras alpins, bien que plus longs et pentus, offrent souvent des pauses en montée ou à haute altitude, ainsi qu’une marge horaire plus lâche.
- Les rythme moyens exigés diffèrent énormément selon la nature du terrain et la gestion du temps : courir est souvent indispensable, même sur des distances jugées « marche ».
Ceux qui disent que l’Ultra Marin « ce n’est que de la marche » sont soit de mauvaise foi, soit n’ont jamais mis un dossard sur ce type d’épreuve. Car il faut oser le dire : marcher 177 km en moins de 36 heures, sans vraie pause, sous la chaleur bretonne et avec des barrières horaires au couteau, ce n’est pas marcher, c’est survivre à un ultra d’endurance impitoyable.
Les critiques faciles viennent souvent de ceux qui confondent lenteur et faiblesse. Pourtant, il n’y a rien de lent dans l’effort constant que demande cette course. Ce n’est pas la pente qui fait la difficulté, c’est la durée, l’absence de répit, la pression permanente du chrono.
L’Ultra Marin n’est pas là pour flatter les égos. Il est là pour révéler ceux qui savent durer, avancer, gérer, tenir debout alors que tout dit de s’arrêter. Et ça, ce n’est pas à la portée de ceux qui regardent les allures sur Strava en se moquant.
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