Les blessures en trail sont devenues presque inévitables. Chocs répétés en descente, surcharge tendineuse, erreurs d’entraînement, mauvaise récupération ou simplement usure liée au volume : le corps finit par dire stop. Même chez les meilleurs.
Et justement, personne n’y échappe. Pas même Claire Bannwarth, l’une des ultra-traileuses les plus actives et médiatisées de ces dernières années. Touchée au tendon tibial postérieur, elle s’est retrouvée dans la même situation que des milliers d’autres coureurs : à devoir lever le pied, frustrée, privée de dossard.
Alors, comme beaucoup de traileurs blessés… elle s’est mise au vélo. Sauf que Claire ne fait jamais les choses à moitié : direction la Race Across France 2500, un ultra-cyclisme démesuré, 2600 km et 35 000 m de D+ à avaler en moins de dix jours, sans entraînement spécifique.
Claire Bannwarth, une blessure, un vélo, un défi improbable
Deux mois avant le départ, elle n’avait jamais posé ses fesses sur un vélo de route. À son actif : une sortie VTT de 40 km. Et pourtant, elle s’inscrit sur la distance la plus longue de la RAF (Race Across France), une épreuve non-stop avec deux barrières horaires strictes et une exigence mentale aussi redoutable que physique.
À ceux qui s’étonnent, elle répondra plus tard sur ses réseaux :
« On était plus au niveau pari fou que défi sérieux, mais ça a tenu. Miracle façon Lourdes. »
Claire Bannwarth, l’ultra, peu importe le support
Ce qui frappe dans son récit, c’est à quel point l’expérience vécue sur deux roues lui rappelle celle du trail longue distance : solitude, doutes, douleurs, hallucinations, sommeil microscopique, gestion de l’effort, et surtout… cette fatigue qui ne lâche jamais.
« Je ne sais toujours pas quand je pourrai recourir, mais sans cette blessure je serais passée à côté d’une aventure incroyable », écrit-elle à l’arrivée. Et d’ajouter dans son style inimitable : « L’ultra-cyclisme, c’est la même came que l’ultra-trail. Et ça fatigue autant. Raplapla le lapinou. »
Tenue de trail et franc-parler légendaire
Fidèle à elle-même, Claire débarque sur la RAF avec son short de trail plutôt qu’un cuissard, histoire de rester dans son élément. Elle plaisante : « Merci Kailas, plus confortable qu’un slip rembourré ! ». Et comme l’aventure n’épargne pas ses mains, elle conclut son message par une phrase devenue culte :
« Post écrit avec les pieds, vu que j’ai perdu toute sensibilité dans les mains… Vive le vélo, j’arrête ce sport à la con ! »
Un exploit, même si elle n’en cherche pas
Ce qui fait la force de Claire, ce n’est pas uniquement la performance, c’est sa capacité à transformer chaque pépin en occasion de vivre quelque chose d’unique. Elle ne court pas après la gloire, elle fonce là où les autres hésitent, sans filtre ni stratégie. Et c’est sans doute pour cela que tant de coureurs se reconnaissent en elle, même quand elle fait des choses… que personne n’oserait.
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