Suspicion de dopage trail chez les élites, fantasme ou réalité ?
Le retour de Stian Angermund à la Zegama-Aizkorri 2025, après une suspension pour un contrôle positif, a relancé les débats sur le dopage dans le trail. Dans les groupes de passionnés, la suspicion est palpable. Mais d’où vient ce sentiment ? Et que sait-on vraiment ? Sans extrapoler, posons les faits et les limites du système.
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Le retour de Stian Angermund à la Zegama-Aizkorri 2025, après sa suspension liée à un contrôle positif, a ravivé les soupçons dans le monde du trail. Sur les réseaux, les commentaires fusent : certains parlent d’un peloton élite « chargé comme des mules », d’autres préfèrent rester naïfs. Mais au-delà des opinions, que sait-on réellement ? Pourquoi ce doute grandissant ? Et que disent les faits ?
dopage trail : quand le doute naît… de la performance elle-même
Avant même de parler de tests et de protocoles, un constat s’impose : pour ceux qui pratiquent le trail en amateur, les performances des élites paraissent parfois humainement impossibles. On sait ce que c’est que courir 40 km avec 2 000 m de D+, on connaît les douleurs, les coups de mou, les lendemains de course. Alors voir des coureurs enchaîner des ultras techniques à 1 000 m/h de moyenne, avec des récupérations éclairs, sans jamais sembler dans le dur, ça interroge. Et ce fossé entre l’élite et le commun des trailers alimente forcément le soupçon.
Non, les 10 premiers ne sont pas toujours testés
Une idée revient souvent : « Sur les grandes courses, les dix premiers sont systématiquement testés. » C’est faux. Il n’existe aucune règle uniforme imposant des tests antidopage à l’ensemble du top 10, ni même du podium, sur toutes les épreuves majeures.
L’UTMB a certes noué un partenariat avec l’International Testing Agency (ITA) en 2024 pour renforcer ses dispositifs. Mais même là, les contrôles restent ciblés, confidentiels, et surtout pas systématiques.
La Golden Trail Series, quant à elle, a travaillé avec l’USADA sur certaines manches (Pikes Peak, Mammoth Trail Fest), mais là encore, les modalités varient d’une épreuve à l’autre.
À Zegama, aucun protocole transparent n’est publié. Résultat : même sur les courses les plus médiatisées, l’opacité règne.
Stian Angermund : un cas géré par la France
C’est l’AFLD, l’Agence française de lutte contre le dopage, qui a géré le dossier de Stian Angermund, bien qu’il soit norvégien. Pourquoi ? Parce que son test positif au chlortalidone, un diurétique masquant, a été effectué à l’OCC 2023, une course en territoire français.
L’AFLD a reconnu l’absence d’intentionnalité et évoqué une possible contamination accidentelle, mais a tout de même appliqué une suspension de 16 mois. Une décision rare, qui a profondément divisé la communauté.
Tous les élites ne sont pas surveillés de la même manière
En France, certains athlètes, comme Mathieu Blanchard, sont intégrés au groupe cible de l’AFLD. Cela signifie des contrôles inopinés, des obligations de géolocalisation, et une vigilance continue.
Mais ce niveau de surveillance est l’exception, pas la règle. À l’échelle mondiale, très peu de traileurs sont sous passeport biologique ou contrôlés hors compétition. Et pour une discipline qui monte en puissance, cette disparité alimente le doute.
Les Templiers 2024 : l’affaire ibuprofène (dopage trail)
En octobre dernier, l’organisation du Grand Trail des Templiers a interdit l’usage d’anti-inflammatoires, comme l’ibuprofène, jugeant leur usage contraire à l’éthique du sport. Surprise : 50 % des coureurs élite testés à l’arrivée étaient positifs à ces molécules — pourtant autorisées par l’AMA, mais interdites par le règlement de l’épreuve.
Ce geste fort, salué par certains, a montré que les dérives existent et qu’elles ne concernent pas uniquement les produits interdits… mais aussi ce qu’on tolère sans jamais questionner.
Des tests secrets dans les toilettes de l’UTMB
En 2017, une étude scientifique menée pendant l’UTMB a utilisé une méthode pour le moins surprenante : des échantillons d’urine ont été prélevés anonymement dans six toilettes chimiques situées au départ des courses. Les coureurs, sans le savoir explicitement, avaient donné leur accord en acceptant les conditions générales d’inscription.
Les résultats de l’étude sont édifiants : près de 50 % des échantillons contenaient des médicaments (anti-inflammatoires, somnifères, opioïdes) et 16 % des substances interdites par l’Agence mondiale antidopage (AMA).
Cette démarche, validée scientifiquement, visait à mesurer objectivement l’usage de substances dans le trail, indépendamment des biais liés aux contrôles officiels.
Bien sûr, cette expérimentation date de 2017 et ne reflète pas les pratiques actuelles de l’UTMB, qui a depuis noué un partenariat avec l’International Testing Agency (ITA) pour renforcer sa politique antidopage. Mais cet épisode rappelle à quel point le dopage « invisible » existe, même sur les lignes de départ les plus mythiques.
Une question de confiance… en ruine ?
Quand les règlements sont flous, les contrôles inégaux, et que les performances échappent au bon sens, la suspicion devient un réflexe. Même si rien ne permet d’affirmer l’existence d’un dopage généralisé dans le trail, la confiance, elle, se fragilise un peu plus à chaque affaire.
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