À chaque disparition de joggeuse, c’est la même mécanique. Une affaire dramatique, un emballement médiatique, et une injonction implicite : “Ne cours plus seule”.
Depuis le 10 avril, Agathe Hilairet n’a plus donné signe de vie. Partie faire un footing dans la Vienne, elle n’est pas rentrée. Immédiatement, les médias s’emparent de l’affaire. Alertes infos, bandeaux rouges, experts en plateau, témoignages en boucle. Le moindre détail est scruté, répété, amplifié. Résultat ? Une affaire individuelle devient une peur collective.
La disparition d’Agathe
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Agathe # Une machine médiatique bien huilée
Les chaînes d’information continue, les réseaux sociaux et certains sites de news ont un fonctionnement rodé. Dès qu’un fait divers présente un “potentiel émotionnel fort”, l’affaire est transformée en feuilleton. On filme les battues, on interroge les voisins, on commente l’absence de pistes. Et on répète en boucle que “la joggeuse était seule, dans les bois, en pleine nature…”
Ce qui devrait être une enquête discrète et sérieuse devient une source d’angoisse publique. Et pour beaucoup de femmes, un signal d’alarme : “Je ne devrais plus aller courir seule.”
Le sentiment d’insécurité, pas l’insécurité réelle
Ce que produisent ces faits divers, c’est moins une information qu’un ressenti. Or, le sentiment d’insécurité ne reflète pas toujours la réalité statistique. Les données officielles montrent que les agressions de joggeuses en pleine nature sont extrêmement rares. Et pourtant, ce sont ces cas-là que l’on monte en épingle.
Parce que les images frappent. Parce que les récits choquent. Et parce que la peur… fait de l’audience.
Une peur qui restreint la liberté des femmes
Le résultat est toujours le même : ce sont les femmes qui s’adaptent. Qui changent leurs itinéraires, qui ne courent plus à certaines heures, qui renoncent au trail solo. Comme si la solution était de réduire leur liberté, au lieu de changer le regard qu’on porte sur elle.
Courir seule n’est pas un danger en soi. C’est une pratique libre, saine, choisie. Mais à force d’en faire un risque systémique, les chaînes d’info créent une pression invisible : celle de la peur, celle du doute, celle qui finit par convaincre qu’il vaut mieux rester chez soi.
le trail n’est pas un feuilleton criminel
La disparition d’Agathe doit être traitée avec sérieux et humanité. Mais elle ne doit pas devenir le dernier épisode d’une série anxiogène. Derrière chaque fait divers monté en boucle, il y a une réalité : la peur gagne du terrain. Et c’est la liberté des femmes qui recule.
Ce que les coureuses demandent n’est pas plus de panique. C’est plus de calme, plus de discernement, et surtout : qu’on leur laisse le droit de courir — sans peur, et sans injonctions.
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