Polémique dans le Cantal, mort d’un petit trail ?
On n’aurait jamais cru dire ça un jour, mais le Cantal a des faux-airs de Dallas. Et pour cause, dans les derniers jours, on y a assisté à une polémique dont le département se serait bien passé. En effet, le premier week-end de février, l’organisation « Condat Sport et loisirs » organise un trail qui en sera déjà à sa septième édition. Jusque là, rien de spécial à priori. Sauf que le même jour, au Lioran, un autre événement aura lieu, à savoir le Moufly Raid. A la limite, s’ils s’étaient battus à armes égales, c’est idiot, mais c’est réglo. Or, ce n’est pas le cas.
En effet, ce trail est soutenu par l’agence de développement touristique du département. La raison en est somme toute assez simple ; c’est que l’équipe de France de trail est en stage sur place ; je vous laisse donc bien imaginer pourquoi le département a décidé de soutenir l’événement.
Cet ajout, qui s’est un peu fait en mode « pousse toi de là que je m’y mette » et aux dépens du trail du Haut Cantal, a suscité d’assez nombreuses réactions. Et si les organisateurs ne décolèrent pas, c’est pour plusieurs raisons.
En premier lieu, ils estiment avoir été prévenus trop tard. Comme le résume Laurent Barbat, président de « Condat Sport et Loisir » : “On ne serait pas aussi énervé si on avait été prévenu en amont. C’est ça le plus désagréable : on n’a pas le temps de rebondir. D’ordinaire, quand on organise une course, on prévient la commission des courses hors stade. Elle vérifie si le créneau n’est pas déjà pris, et si c’est le cas, elle réunit tout le monde pour en parler. Faute d’accord, elle tranche. Là, rien n’a été fait dans les règles.”
En deuxième lieu, c’est l’impression que le combat est perdu d’avance qui génère de la colère. “Comment lutter ? On n’a pas la force de frappe de Cantal destination en matière de communication. On n’a pas les salariés du Lioran, mais des bénévoles. Eux peuvent même se permettre de faire gagner des places… Et puis ils proposent de côtoyer les meilleurs traileurs, ça attire forcément. On ne boxe pas dans la même catégorie. Résultat, c’est le travail collectif de toute une année qui est mis en péril.” Ils auraient voulu tuer l’événement de « Condat Sport et loisir » qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement…
En troisième lieu, ce qui a pu énerver (et à juste titre), c’est l’impression que le Moufly Raid les balade. Visiblement, quand ils sont fait remonter le souci, la réponse qui a été fournie est que ce n’était pas une course (or, son règlement disait bien le contraire). Cantal Destination a pour cela plaidé l’erreur de bonne foi ; c’est bien de le reconnaître, mais le mal était déjà fait.
Face à la polémique, le président de Cantal Destination (qui est aussi vice-président du Conseil Départemental…), a déclaré ceci :
“Je n’ai pas répondu sur les réseaux sociaux. Ils ont une réaction à chaud, et tout ce que je leur souhaite est que le buzz qu’ils font leur amène des participants. Personnellement, ma démarche, c’est le développement touristique du département, et faire venir l’équipe de France de trail ici, comme recevoir les championnats de France, va en ce sens. Dans notre partenariat avec la Fédération française d’athlétisme, il y a un volet événementiel. L’équipe de France vient en stage, il y a la possibilité de créer un événement autour, on le fait. C’est une chance, on doit en profiter. Je ne vais pas dire non au Tour de France au Puy Mary parce qu’il y a la fête Mandailles ce jour-là, je ne vais pas non plus appeler Christian Prud’homme pour lui demander de décaler la date… on s’adapte. Et ce n’est pas contre Condat, ç’aurait pu être n’importe quel trail, ç’aurait été identique. D’autant qu’on n’organise pas une course hors stade. C’est un événement familial, ludique, où il faudra aussi scier du bois, porter des fourmes… tout ça en côtoyant des grands noms. On ne l’a pas appelé trail, c’est volontaire, et c’est pour cette raison qu’on ne s’est pas inscrit au calendrier des courses hors stade. Il n’y a pas d’envie de nuire, et maintenant, j’espère que tout le monde va se calmer. Et alors, je reviendrai vers les organisateurs, pour proposer une compensation à la gêne subie. On saura trouver une solution, peut-être pour l’année prochaine.”
Donc, non content de se comporter comme un arrogant nouveau riche, il estime que les plus anciens cherchent à faire du buzz, ils sont plus riches, donc ils ont raison. Mais ils sont grand prince, et ils chercheront une solution… Si on cherche « se foutre du monde » et « sans gêne » dans le dictionnaire, nul doute qu’on trouvera une photo de ce monsieur.