Etes-vous plutôt chinois, américain ou européen ?
Les meilleurs traileurs chinois
Erenjia Jia, Jiasheng Shen, Min Qi, Longfei Yan, Ji Duo, Yao Miao… Ces noms ne vous disent peut-être rien. Au mieux, vous avez déjà entendu parler de l’un ou de l’autre… Il s’agit pourtant des cinq meilleurs traileurs chinois du moment. Ils ont une côte ITRA supérieure ou égale à 869 (quand le meilleur actuellement, à savoir Jim Walmsley, crapahute à 958), ce qui donne déjà l’idée d’un gros niveau. Et pourtant, on les connaît peu. C’est en partie dû à un essor très rapide. Et pourtant, ils ont déjà marqué les compétitions de leur emprunte (Jia Erenjia et Miao Yao ont été les premiers chinois à remporter une épreuve à l’UTMB, plus précisément l’OCC ; de plus Yao a remporté le Vibram Hong Kong 100, battant en passant le record de l’épreuve).
Le trail et le sport en Chine
En effet, depuis une vingtaine d’années (plus précisément depuis que la Chine a su qu’elle aurait les jeux de Pékin en 2008), la nation de Mao a développé d’importants programmes promotionnant le fitness et les loisirs de plein air. Et forcément, le trail a bénéficié de cela, générant une augmentation importante de trails d’une part, et de trailers d’autre part. Il suffit de voir les chiffres de Runner’s World ; en 2011, seule une dizaine de marathons était organisés en Chine alors que cette année, en un seul week-end, il y a eu une quarantaine. De plus, si l’on en croit l’Association d’athlétisme chinoise (sic !), la Chine aurait accueilli depuis janvier 1102 courses à pied, soit approximativement vingt fois plus que sur toute l’année 2014.
L’UTMB en Chine
L’apogée de ce développement mélangeant sport et pognon est probablement l’exportation de l’UTMB en Chine… Initulée « Gaolycong by UTMB », elle rassemble pas loin de 2000 coureurs provenant de 25 pays différents.
Le style chinois en trail
Ce qui est intéressant, intriguant, interpelant, c’est le style chinois en trail, qui se démarque complètement (et probablement volontairement) des styles américains et européens. Souvent, ils partent rapidement et font la course en tête, un peu à l’image de l’école américaine. La stratégie de dépasser le peloton rapidement se tient. Ce qui est pour le moins particulier et qui rend leur style assez unique, c’est leur gestion du rythme et des allures. Ils courent, accélèrent, ralentissent, s’arrêtent, accélèrent de nouveau.
Si l’on doit résumer, quand l’école américaine du trail prône le fait de foncer tête baissée et de tenir le plus longtemps possible avec pour ambition de dégommer les records (genre Jim à la Western States 100), quitte à exploser en plein vol (genre Jim à la l’UTMB ou à la Diagonale), et quand l’école française du trail partira moins vite et maintiendra une allure régulière et en étant un peu plus dans la gestion (avec comme ambassadeur un Xavier Thévenard, qu’on surnomme de temps en temps le métronome), l’école chinoise consistera à faire dans la relance permanente, comme une séance de fractionné géante…
Cette stratégie a pu s’avérer payante pour Erenjia et Yao, mais ça peut être risqué (les risques sont assez proches de ceux encourus par l’école américaine). On l’a bien vu sur le dernier UTMB. Miao Yao a maîtrisé la distance pendant presque 110km, mais aura fini par exploser. Idem sur l’OCC, Tao Luo a franchi le checkpoint de Champex (après 10km) en moins d’une heure… C’était pas mal, certes, mais il a finalement dû se contenter de la troisième place après avoir été doublé à Vallorcine.
Ce qui était pour le moins original, et je ne crois pas avoir vu ça chez d’autres coureurs, c’était que Tao Luo ne courait qu’avec un bâton. Est-ce qu’un seul bâton, de surcroît sur une plus courte distance, c’est vraiment utile ? C’était pour pouvoir mieux pousser sur sa cuisse avec la main libre. Niveau explosivité, c’est intéressant, mais pour l’équilibre et la proprioception, ça doit demander un sacré travail. Ce qui était notable pour les chinois (c’est surtout chez Tao Luo que ça m’a interpelé), c’est en plus leur technicité en descente. Sur l’OCC, Luo était impressionnant de technique. On peut penser que son expérience sur 3000m Steeple a pu influencer cela.
Et vous, vous êtes plutôt du genre à partir à toute blinde et advienne que pourra, plutôt du genre à partir raisonnablement et à garder la même allure du début à la fin, ou plutôt à relancer en permanence ? Autrement dit, vous avez plutôt un profil trail américain, européen ou chinois ?