Sierre-Zinal dans les pas de la légende
Dimanche 11 Aout j’ai pris le départ de la 46ème édition de Sierre-Zinal. Annoncé par tous comme l’épreuve de la décennie, avec un plateau de coureurs exceptionnel, le plus relevé jamais vu sur une course de cette distance. Je ne vais pas vous raconter la course des champions car clairement je n’ai rien vu, bien loin des mutants aux 3 poumons, à la VMA tellement élevée que même avec votre vélo électrique, les athlètes vous mettent la misère dans les montées. Je vais vous parler de l’organisation, du parcours et de la vie à l’intérieur du peloton.
L’évènement commence quelques jours avant avec de nombreuses animations, diffusion de films et de concerts pour faire chauffer la vallée. On récupère son dossard à l’hôtel de ville de Sierre, ville départ, petit village très sympa. Franchement super simple à trouver, tout est bien huilé et l’accueil est top dans toutes les langues. C’est important quand vous accueillez une cinquantaine de nationalités différentes. La petite course pour enfants est très cool, l’ambiance est au rendez vous et anime bien la journée.
C’est le lendemain matin, le dimanche, que les hostilités sont lancées. La catégorie appelée « touriste » lance la journée vers 5h du matin.
10H c’est l’heure du rendez vous pour la catégorie « élite ». Environ 1600 coureurs sont prêts à en découdre dans la chaleur, 27°c au thermomètre. Les coureurs élites se mélangent aux anonymes, l’occasion pour certains de partager quelques foulées avec leurs idoles, prendre une photo avec ou même partager quelques mots. Merci à vous pour votre disponibilité. J’en profite d’ailleurs pour rejoindre Thibaut Baronian avant l’échauffement et prendre ses impressions avant le grand départ.
Suite à notre entretien il y a quelques semaines, il a du faire avec une blessure à la cheville mais il me rassure « Ça va beaucoup mieux, je suis bien remis », je le laisse partir à l’échauffement avec Gédéon Pochat autre athlète du team Salomon.
Sierre Zinal : problèmes avec les SAS de départ
15 min avant le départ tout le monde est appelé à rejoindre son sas de départ. En effet il y a 3 blocs d’environ 500 ou 600 coureurs, avec un départ décalé de 5min à chaque fois. Ils sont répartis en fonction du temps de course annoncé lors de l’inscription. Voilà à mon avis une défaillance de l’organisation, car n’importe qui peut donc être dans le sas des élites, il faut juste annoncer un temps en dessous des 3H. Et malheureusement c’est exactement ce qui se passe, certains ne sont pas dans le parquage qui reflète leur véritable niveau.
Alors la solution n’est elle pas de faire la distribution des dossards comme dans toutes les autres courses, avec la cote ITRA ? Pour moi c’est évident. Alors oui certains diront que c’est pas juste pour les bons coureurs qui ne font que cette course et donc avec un indice faible. Moi je suis pour favoriser les spécialistes, les coureurs habitués aux différents évènements de la planète Trail. Autre chose va me marquer dans les sas, énormément de coureurs parlent de leurs temps. Un peu comme sur une course sur route, les participants sont très « basés » sur le résultats. Pas une habitude d’entendre ça sur mes autres courses habituels.
Le parcours de Sierre Zinal
Bon passons aux choses sérieuses, le parcours.
On peut dire que la course rentre dans le dur dès les premiers mètres, 100m virage à droite et bim ça grimpe directement sur la route pendant 1km, des pourcentages relativement faibles par rapport à la suite 10-12%, pour bien étirer le peloton avant de tourner sur la gauche dans les chemins. Et il faut le dire, on ne revoit pas le bitume avant l’arrivée !!
Mais c’est aussi là que l’on commence à pleurer. Les pourcentages deviennent très forts et il n’y a pas de répits pendant 10Km. C’est juste impressionnant, extrêmement raide mais pas trop technique, en sachant que les bâtons sont interdis sur cette course.
Le premier point d’eau, arrive vite environ 4km et c’est à ce niveau là que déjà certain paient un départ trop rapide, vomissement en guise de récompense.
Si vous survivez à cette ascension extrême, 1300m de D+ au compteur, alors vous serez récompensé par les premiers paysages fantastiques. Enfin une petite descente pour dégourdir les cuisses…ou pas.
Arrive Chandolin comme premier ravito solide. Ils sont plutôt légers en nourriture (bananes, oranges, chocolat et graines), mais bien fournis en boisson (eau, Isostar différents goûts et bouillon de légumes). Ils s’enchainent environ tous les 4-5 km ce qui fait 6 points, énorme pour une course de 31km !! Donc pas besoin de perdre beaucoup de temps, ou en tout cas pour profiter de l’ambiance très chaude des spectateurs très nombreux.
La suite du parcours est clairement magnifique sur les hauteurs, les vues sont incroyables sur les Alpes Suisse. On enchaine les kilomètres, tout en continuant de monter mais c’est surtout en faux plat donc on ne le sent pas trop, c’est d’ailleurs dangereux pour celui qui n’en garde pas sous la semelle. Une alternance de singles tracks et de pistes larges. Attention au trafic qui peut vite devenir énervant pour doubler. On en revient au problème des personnes dans le mauvais sas. Même si une défaillance peut arriver, la ils sont quand même nombreux à pas tenir le rythme qui est clairement soutenue sur cette course.
La deuxième partie du parcours est beaucoup plus technique, entre pierriers et racines, attention aux chevilles. C’est aussi la plus jolie, avec une vue unique sur les cinq 4000. Sur cette édition, un petit vent de ¾ face voir de face nous surprend quand on arrive au point culminant de l’étape (2300m) avant d’attaquer la descente vers ZINAL. Le début, sur des pourcentages assez faible permet de se mettre tranquillement en jambe…si on en a encore, mais surtout bien se chauffer avant d’attaquer les 4 derniers Km qui sont eux très pentus.
Les 500 derniers mètres sont sur la route, quelques virages dans une ambiance de folie, c’est vraiment impressionnant le monde présent, franchement il faut en profiter car tellement réconfortant après cet effort intense. La médaille, qui est à l’image de la course, Unique, avec une petite pierre venue du sommet du Weisshorn (l’un des cinq 4000) incrusté dessus.
Un petit ravitaillement nous attend, et massage pour décontracter les muscles. Chaque candidat peut aller récupérer un diplôme à son nom avec son temps de course. Une séance de cryothérapie est offerte, les douches à quelques mètres et un repas à prendre sous le chapiteau de la remise des récompenses. Des navettes gratuites sont là pour nous redescendre dans la vallée, à Sierre.
Mon Bilan
Une course de légende et encore plus après cette 46ème édition et les deux records Homme et Femme. Elle est unique pour des qualités indéniables mais aussi pour ses défauts dont on parle moins. Ce qui est paradoxal, c’est que ces défauts qui sont surement dus au coté familial, voire laxiste de l’organisation, sont aussi ce qui en fait son charme.
Si vous n’aimez pas le trafic restez chez vous ! Mais surtout la différence de niveau entre la tête de course et le peloton de fin. Avoir fait 2 catégories est surement une excellente chose mais malheureusement certains se surestiment ou ils n’ont pas envie de partir à 5h du matin ? Sans cote ITRA obligation d’aller dans la catégorie « touriste » ? Peut-être une solution.
Le manque « d’esprit Trail » de certains, m’a aussi un peu dérangé. Je m’explique, beaucoup de coureurs ne laissent pas passer les concurrents plus rapides, plusieurs fois je me suis retrouvé derrière quelqu’un, sur un single et à aucun moment la personne ne m’a laissé passer. Alors qu’elle ne m’ait pas vu je veux bien l’entendre sauf que sur 1km voire plus, et en essayant à plusieurs moments de passer sans bousculer, et donc montrer ma présence, rien à faire ! D’ailleurs je veux pas faire de
stéréotype, mais leur équipement ne montrait pas une grande connaissance de la discipline. En effet le short et maillot de foot avec chaussures running et chaussettes de tennis me fait m’interroger quand même. Certes l’habit ne fait pas le moine, sur une personne ok, mais sur une dizaine ? Maintenant des défauts qui vont avec la course, qui est plus souple en terme de règlement, ce qui fait peut être aussi le mythe ?
Au delà de tout ça, Sierre-Zinal est clairement une des plus belles courses du monde. Le parcours est exigeant, atypique mais de top qualité. A savoir que si vous êtes de passage dans la région vous pouvez l’emprunter car il est fléché en continu. L’organisation est millimétrée et extrêmement bien huilée, les bénévoles au top, l’ambiance est fantastique !! Les attentions sont nombreuses, entre médaille, diplôme, photo offerte et même une petite vidéo personnalisée de notre course avec nos passages filmés aux points de contrôle. Une course familiale dans un cadre de grosse machine et rien que pour ça il faut faire le pas d’y aller ! Et puis participer à la légende c’est quand même une belle expérience.
Je valide largement.