“Chomolungma a avalé un nouvelle âme” disent les Népalais lorsqu’ils apprennent qu’un alpiniste est mort sur l’Everest. Hier Ueli Steck a chuté du Toit du Monde, pour de bon.
Ueli Steck n’était pas un alpiniste comme les autres. On l’appellait la “Swiss Machine”. Parcequ’il grimpait les sommets à une vitesse folle. Cervin en 1h 56. Eiger par la face nord, 3h54.
Parcequ’il s’entrainait comme un trailer, pas forcément comme un alpiniste. Il grimpait léger et ne collait pas forcément aux codes académiques de l’alpinisme.
Comme Kilian Jornet, avec ses “summits of my life” (sommets de ma vie) il avait eu des projets d’enchainer plusieurs sommets. En 2011 Shisha Pangma (8 013 m) puis Cho Oyu (8 201 m) en moins de 15 jours.
Pour cette fois il voulait réaliser une première. Partir à l’assaut de l’Everest, par le couloir Horbein, en pleine Face Nord avec 60 degrés de pente, puis revenir, bifurquer au camp numéro 2 pour rejoindre le sommet voisin, le Lhotse, à 8516m.
A cette altitude, sans oxygène, c’est au moins une fatigue infinie, si ce n’est la mort.
Pour défier cet environnement hostile, il s’entrainait, à s’acclimater, rudement, en courant. Il courait du camp de base jusqu’à 7000m puis revenait.
On ne sait pas trop bien, il a glissé, sur une plaque de glace, a fait une longue chute. Son corps a été retrouvé près du camp 1.
L’alpinisme perd une grande figure. Un compétiteur de lui même. Un repousseur de limites. Ueli Steck comme Ochoa, l’alpiniste que Ueli avait secouru et vu mourir sous ses yeux anémié à 7500m, sera enterré au Népal. Chomolungma a parlé.