Le décès d’Elaine Stypula sur la Hardrock 100 a bouleversé la communauté trail qui faisait la fête pendant la Hardrock 100.
Âgée de 60 ans, cette Américaine originaire du Michigan a perdu la vie dans les premières heures de l’épreuve, victime d’un arrêt cardiaque à environ 10 kilomètres du départ. Malgré une intervention rapide des secours et un massage cardiaque engagé sur le Little Giant Trail, elle a été déclarée décédée à 10h27 (heure locale).
Après le décès sur la Hardrock 100, très vite, la question s’est posée : pourquoi la course n’a-t-elle pas été arrêtée ? La question peut sembler légitime, presque évidente. On pourrait penser que face à un tel drame, suspendre l’épreuve serait un geste de décence, de respect. Mais est-ce aussi simple ?
Chaussures Trail Hoka Speedgoat 6
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Polémique lors de la Hardrock 100
Dans les faits, arrêter une course comme la Hardrock 100 ne se fait pas d’un claquement de doigts. Il s’agit d’un ultra-trail en haute montagne, sur des terrains extrêmement techniques et parfois dangereux. Les coureurs sont très vite dispersés sur des dizaines de kilomètres. Interrompre la course aurait signifié, en pratique, devoir organiser un repli immédiat de centaines d’athlètes, certains engagés dans des passages délicats, d’autres déjà très éloignés de tout point de secours. Le risque aurait alors été d’amplifier la situation de crise. En interrompant l’épreuve de manière brutale, on prenait le risque de mobiliser inutilement les secours, de désorganiser la logistique, voire de mettre d’autres vies en danger.
Il est aussi important de rappeler que la tentative de réanimation avait déjà échoué lorsque la décision de poursuivre a été actée.
Elaine Stypula était décédée. Dès lors, arrêter la course ne pouvait plus rien changer pour elle. Les organisateurs ont pris la décision de continuer, tout en mobilisant une cellule psychologique à Silverton pour les coureurs et bénévoles, en signalant le drame aux participants et en exprimant leur tristesse publiquement.
En France, la question se pose différemment selon les formats.
Dans des disciplines comme le triathlon ou sur des formats plus courts, une neutralisation est souvent mise en place lorsque survient un accident grave. Il est arrivé que des épreuves soient suspendues localement ou redirigées après un décès, mais l’annulation complète reste rare, même sur des événements majeurs. À l’UTMB ou à la Diagonale des Fous, la pratique est proche de ce qui s’est passé à la Hardrock : si un incident grave se produit, on le gère sur place, on protège les autres coureurs, mais l’épreuve continue, sauf en cas de danger collectif imminent.
Faut-il voir dans cette décision un manque d’empathie ?
Non, plutôt une logique implacable de sécurité. Face à l’irrémédiable, les organisateurs ont privilégié le maintien du calme et la continuité de la gestion de course. La vraie question n’est donc pas de savoir pourquoi la course ne s’est pas arrêtée, mais comment elle aurait pu continuer autrement. Ce qui importe, c’est le respect de la victime, l’accompagnement des témoins, la transparence dans la communication, et surtout, la capacité à ne pas mettre en danger d’autres vies pour des motifs symboliques.
La mort d’Elaine Stypula est un choc. Une blessure pour toute la communauté. Mais l’arrêt de la course n’aurait rien effacé. Dans l’univers de l’ultra, on compose avec la montagne, avec la solitude, avec le risque. Et parfois, hélas, avec le deuil.
Exemples de courses ayant été interrompues après le décès d’un coureur
1. UTMB – TDS 2021
Lors de la TDS (une des épreuves du festival UTMB, environ 145 km/9 100 m D+), un coureur tchèque a perdu la vie après une chute dans la descente du Passeur de Pralognan. L’organisation a immédiatement ordonné l’arrêt de la course : les 1 200 participants déjà passés au point de l’accident ont fait demi‑tour et redescendu vers Bourg-Saint-Maurice, annulant ainsi la poursuite de l’épreuve.
En 2022 (PTL, parcours plus technique) et 2023 (aussi PTL), des situations critiques se sont produites – parfois mortelles – mais l’épreuve a été ajustée ou neutralisée localement, plutôt qu’interrompue à grande échelle.
2. Ultra-trail du Haut Giffre (Haute-Savoie) – juin 2024
Des trombes d’eau nocturnes ont provoqué la chute de plusieurs coureurs dont un est décédé durant l’évacuation. En réponse aux conditions météo extrêmes et au bilan humain, la course a été purement annulée. Certains ont critiqué l’organisation pour avoir maintenu le départ malgré des alertes météo.
3. Ultramarathon de Gansu (Chine) – mai 2021
L’ultra‑trail de Gansu, en Chine, a connu une véritable catastrophe : 21 participants sont morts, victimes d’une tempête violente (grêle, froid, vent). La course a été immédiatement annulée vers la troisième heure. Plus d’un millier de sauveteurs ont été mobilisés pour secourir les rescapés.
4. Ennerdale Horseshoe Fell Race (Royaume-Uni)
Cette course de montagne britannique a connu plusieurs interruptions dues à la météo ou à des accidents. En 1981, un coureur est décédé après une chute, et en 2022, l’épreuve a été annulée intégralement en raison d’intempéries importantes.
Ces situations illustrent que, contrairement à ce que l’on peut penser, les grandes courses d’endurance ne sont pas à l’abri d’une interruption, même très tard dans l’épreuve, si la sécurité est menacée. Les motifs d’arrêt peuvent inclure un décès, des conditions météo extrêmes, ou un accident grave.
Choisir d’interrompre une course tente avant tout d’éviter une mise en danger collective, préserver des zones critiques, et garantir une prise en charge médicale efficace – même si l’organisation en terrain isolé ajoute une forte composante logistique.
Chaussures Trail Hoka Speedgoat 6
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