La question sur l’obésité de Tibo InShape à Macron fait polémique : accusé de grossophobie, il doit désormais faire valider ses contenus.
Hier soir, dans le cadre du programme « 20h10 face à Macron » diffusé sur TF1, Tibo InShape, youtubeur star du fitness et de la musculation, a interpellé le président de la République sur l’obésité et la sédentarité. Si la question posée a été saluée pour son intérêt sanitaire, elle a aussitôt ravivé de vives critiques. Car derrière la mise en lumière d’un vrai problème de société se cache un personnage clivant, accusé depuis des années de grossophobie, d’homophobie et de transphobie. Et cela n’a pas échappé à la communauté trail, elle aussi concernée par les discours sur l’image du corps et la pression à la performance.
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Le contenu de sa question
Monsieur le Président, ici Tibo InShape, premier youtubeur fitness de France avec plus de 26 millions d’abonnés. Aujourd’hui en France, un adulte sur deux étant sur poids ou en situation d’obésité. (0:10) Pour les enfants, nous parlons d’un enfant sur quatre avec des chiffres qui ne cessent d’augmenter.
Pourtant, on sait que l’obésité est un terreau fertile pour de nombreuses maladies graves. Diabète de type 2, maladie cardiovasculaire, AVC, plusieurs formes de cancer. Et je ne parle même pas de l’impact sur la santé mentale.
Alors pourquoi ne pas traiter ce problème plus en amont avec des mesures fortes ? Limiter réellement le sucre et ses dérivés dans les produits industriels. Introduire des cours de nutrition à l’école et augmenter les heures de sport. On le sait, un enfant en forme physiquement est un enfant plus sûr de lui, plus épanoui et donc plus réceptif aux apprentissages en classe.
Combien de générations faudra-t-il sacrifier pour comprendre que la sédentarité et l’obésité (0:44) sont des problèmes de santé publique majeurs qu’il faut prendre au sérieux ? Merci à vous pour votre réponse.
Une question de santé publique… posée par un influenceur controversé
Dans sa vidéo, Tibo InShape s’alarme de l’explosion des cas d’obésité en France : un adulte sur deux serait en surpoids, un enfant sur quatre. Il suggère des mesures concrètes : réguler le sucre dans les produits transformés, introduire des cours de nutrition à l’école et augmenter le temps de sport. Emmanuel Macron, de son côté, se contente de rappeler la mise en place des « 30 minutes d’activité physique quotidienne à l’école ». Une réponse jugée partielle par certains… mais ce qui fait surtout débat, c’est la personne qui pose la question.
La grossophobie, un reproche récurrent
En 2022, Tibo InShape publie un tweet polémique affirmant que dire à une personne obèse qu’elle doit « se reprendre en main » n’est pas une insulte, mais un acte d’aide. La Ligue nationale contre l’obésité lui répond frontalement, qualifiant ces propos d’« insultants » et rappelant que l’obésité est une maladie chronique multifactorielle, bien au-delà d’un simple manque de volonté. Le conseil devient alors stigmatisation, et la pédagogie se transforme en violence symbolique.
Le virage forcé : validation des contenus par des experts
Cette polémique s’ajoute à une autre, survenue en janvier 2024, lorsqu’il publie une vidéo avec la sexologue Thérèse Hargot. Cette dernière y déclare que le préservatif serait une « dictature », qu’il faut planifier les rapports sexuels comme on programme une séance de sport, et remet en cause la contraception hormonale. Des propos jugés rétrogrades, voire dangereux, pour lesquels Tibo InShape ne formule aucune contradiction à l’écran. Face à la pression, il publie une vidéo d’excuses et annonce qu’il fera désormais valider ses vidéos sensibles par des experts avant diffusion.
Des prises de position qui s’accumulent
Mais cette inflexion arrive tardivement. Tibo InShape a aussi été vivement critiqué pour ses vidéos sur la dépression, dans lesquelles il assène : « rien à foutre de ta dépression, lève-toi et va t’entraîner ! ». Il est accusé d’avoir promu une vision toxique de la motivation, culpabilisante et simpliste. Son image s’est également brouillée à cause de sa proximité avec le gouvernement, qui l’a sollicité pour des vidéos de promotion du Service national universel, de l’armée et de la police, sans esprit critique.
Homophobie, transphobie : le passif LGBTQ+
Les accusations d’homophobie et de transphobie sont elles aussi nombreuses. Dans certaines anciennes vidéos, désormais supprimées, il caricature les personnes homosexuelles ou exprime un malaise très visible face aux personnes transgenres. Ces séquences ont choqué et continuent d’alimenter une défiance durable, d’autant qu’il n’a jamais présenté d’excuses claires ni pris position de manière explicite pour les droits LGBTQ+. Pour beaucoup, son silence ou son ambiguïté renforcent l’idée d’un manque d’empathie envers les minorités de genre et d’orientation.
Une figure clivante… y compris chez les sportifs
Tibo InShape a été écarté de plusieurs événements populaires, comme les Jeux Streamers, en raison de ses propos jugés discriminatoires. Même dans le milieu de la course à pied et du trail, où l’on prône la diversité des profils, des corps et des rythmes, sa vision d’un corps performant, musclé, discipliné, fait écho à une culture de la performance qui peut être excluante. Dans un sport où l’on valorise l’endurance, la résilience et l’acceptation de soi, la parole de Tibo InShape divise.
prévention ou récupération ?
En interpellant le président sur l’obésité, Tibo InShape a mis en lumière un vrai sujet de santé publique, qui concerne aussi les coureurs, joggeurs et traileurs. Mais sa prise de parole sonne pour beaucoup comme une tentative de redorer son image, après une série de polémiques graves. La prévention ne peut pas reposer sur des figures qui ont longtemps stigmatisé ceux qu’elles prétendent aujourd’hui vouloir aider. Surtout quand on sait que dans le trail, ce sont souvent ceux qui sortent des normes — de poids, d’âge ou de genre — qui portent les valeurs les plus fortes du sport.
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Sources
Les accusations visant Tibo InShape sont multiples et documentées par plusieurs médias français.
- En août 2022, ses propos sur l’obésité (« ce n’est pas être grossophobe, c’est aider ») ont été dénoncés par la Ligue nationale contre l’obésité, via un article du HuffPost :
https://www.huffingtonpost.fr/life/article/les-propos-de-tibo-inshape-sur-le-surpoids-sont-une-insulte-pour-la-ligue-nationale-contre-l-obesite_206411.html - Ses injonctions brutales envers les personnes dépressives, notamment la phrase « rien à foutre de ta dépression », ont déclenché une vive polémique sur TikTok en 2022, relatée ici par Konbini :
https://www.programme-tv.net/news/people/302969-rien-a-foutre-de-ta-depression-tibo-inshape-poste-une-video-qui-excede-les-internautes-il-fait-une-mise-au-point/ - Concernant l’homophobie et la transphobie, plusieurs de ses anciennes vidéos — aujourd’hui supprimées — ont été archivées et dénoncées par des internautes, notamment via cette compilation diffusée sur X/Twitter et reprise dans des threads critiques (voir par exemple :
https://www.liberation.fr/checknews/2019/07/19/le-youtubeur-tibo-inshape-a-t-il-poste-des-messages-homophobes-racistes-et-islamophobes-sur-facebook_1740682/ - Enfin, son interview avec la sexologue Thérèse Hargot, jugée réactionnaire, a été vivement critiquée pour ses propos sur la sexualité et le consentement. L’affaire est détaillée par Les Jours Heureux dans cet article :
https://www.lavoixdunord.fr/1424955/article/2024-01-30/culture-du-viol-manif-pour-tous-et-ecole-stanislas-tibo-inshape-invite-une