La Fédération Française d’Athlétisme a publié un guide de recommandations sanitaires à destination des organisateurs le 21 juillet… et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’avec ces directives, les organisateurs vont avoir de plus en plus de mal à organiser des événements running ou trail. On se dirige vers des annulations en masse des épreuves encore au calendrier.
On avait bien compris que dans la tête du gouvernement, la reprise du sport serait tout, sauf prioritaire. Il faut dire que vu comme notre propre ministre nous a défendus, on ne pouvait pas s’attendre à mieux. Et pourtant, bon gré mal gré, ça a pu reprendre progressivement. Moyennant des protocoles sanitaires adaptés, moyennant un nombre de participants limités. Souvent, les organisations ont mis en avant la sécurité des bénévoles, souvent âgés, pour justifier les annulations. Et pourtant, ce n’est pas la seule raison.
Un cluster sur un trail ? C’est la fin des haricots!
En effet, quand on y regarde de plus près, voici ce qu’on apprend concernant la responsabilité des organisateurs en cas d’émergence d’un cluster pendant la course ou après (sachant que pour info, on parle de cluster à partir de trois cas de covid, ce qui explique pourquoi il y en a autant).
Si les assureurs continuent de tricher, on est fichus
« Chaque organisateur est invité à prendre contact avec la compagnie d’assurance auprès de laquelle il a souscrit un contrat d’assurance pour son événement afin de connaître les conditions de couverture en cas d’éventuels recours sur ce point. »
Rien que sur ce point déjà, il peut y avoir à redire. Car jusqu’à preuve du contraire, on ne peut pas dire que les assurances ont bien joué le jeu depuis le début de la crise sanitaire (un restaurateur a dû aller en justice pour que son assurance le couvre, et il a gagné). Il est donc capital que pour que les événements se déroulent, les assurances soient réglos. Continuons le contenu du message.
Vous voulez être mieux protégés ? Affiliez-vous!
« Les clubs affiliés à la FFA ayant souscrit au contrat d’assurance fédéral sont couverts en responsabilité civile contre tout recours lié au Covid 19.
Il appartient cependant à chaque organisateur de mettre en place sur son événements les moyens nécessaires de sécurité sanitaire. Par définition, ces moyens nécessaires sont les mesures de prévention et protection sanitaire mises en oeuvre dans le strict respect des règles recommandations gouvernementales et fédérales. »
On va dire ici que c’est de bonne guerre, mais ça me gêne un peu que les trails organisés par des clubs non-affiliés ne soient pas couverts par en RC. Ça va fatalement (même si ce n’était peut-être pas le but initial) créer un fossé entre les trails « sponsorisés » par la fédération et les petits trails indépendants, qui vont se retrouver livrés à eux-mêmes en cas de problème. C’est un moyen de pression de la part de la fédération pour récupérer sous son giron un maximum de trails sur le mode « venez chez nous, vous serez mieux couverts ».
Où est la responsabilité des organisateurs?
« Un organisateur pourrait être déclaré responsable si un foyer de contamination venait à se déclarer à l’occasion ou à l’issue de l’événement qu’il organise et qu’il apparait qu’il n’a, lors de sa manifestation, pas été suffisamment diligent dans la mise en oeuvre des obligations et recommandations éditées par le Ministère des Sports ou la fédération délégataire en matière de protection sanitaire. »
Sur le fond, je suis d’accord. De plus, personne n’a intérêt à ce qu’un cluster émerge pendant un trail. Une fois cela dit, c’est quand même plus compliqué qu’il n’y parait. Notamment pour la déclaration d’un cluster « à l’issue » de l’événement. Prenons un exemple un peu tiré par les cheveux, mais qui peut totalement se produire. Admettons qu’une personne asymptomatique participe à un trail, qu’elle en contamine deux qui feront une forme légère. En soi, a priori rien de très grave tant que c’est pris à temps et éteint. Sauf qu’on aura trois cas, donc un cluster, et dès lors, l’organisation pourra potentiellement avoir des ennuis alors tout se sera passé au nez et à la barbe même des personnes malades.
Après, ce qui peut être rassurant cependant, c’est que l’organisation sera jugée sur les moyens qu’elle a mis en oeuvre pour empêcher cette émergence. Et j’ose espérer que les protocoles sanitaires (et leur application, bien sûr), suffiront à couvrir les organisateurs. Car si ce n’est pas le cas, les petits trails, qui pouvaient tirer leur épingle du jeu par rapport à la crise sanitaire, risquent de ne pas vouloir se mettre en danger plus qu’ils ne le sont déjà. Et tout le monde sera perdant.