paracétamol = dopage ?
La question peut sembler excessive, presque absurde : peut-on vraiment parler de dopage quand on prend un Doliprane pendant un trail ? Et pourtant, à y regarder de plus près, cette pratique courante dans les pelotons soulève un véritable problème éthique, sanitaire et sportif. À force de normaliser la prise d’antidouleurs pour finir une course, n’est-on pas en train de glisser vers une culture dopante, même chez les amateurs ?
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Le paracétamol en trail, la banalisation d’un réflexe médicamenteux en course
On ne parle pas ici de produits illicites ou de pratiques marginales. Le paracétamol est légal, en vente libre, et utilisé par des millions de personnes chaque jour. En trail, il est souvent consommé pour soulager un mal de tête, une douleur musculaire ou une gêne articulaire qui survient après des dizaines de kilomètres d’effort. Certains le prennent avant la course, d’autres en plein effort, et il n’est pas rare d’entendre des récits d’ultras finis « sous médocs ».
Mais comme l’a rappelé Blaise Dubois, spécialiste en biomécanique et prévention des blessures, la prise systématique d’antalgiques nuit aux adaptations physiologiques de l’entraînement. Elle fausse la perception de l’effort, brouille les signaux de fatigue, et permet de forcer un corps déjà au bord de la rupture. Ce n’est pas anodin. C’est une conduite dopante.
Quand la douleur devient un signal à respecter
La douleur n’est pas notre ennemie. Elle est un signal d’alerte, parfois un message de survie. En trail, elle nous indique quand ralentir, quand s’arrêter, quand il est temps de revoir son entraînement ou d’écouter ce que le corps cherche à dire. Lui imposer le silence avec un comprimé, c’est nier cette logique, au risque de transformer un trail en autodestruction contrôlée.
Dans les commentaires de l’article précédent, de nombreux traileurs exprimaient cette idée avec bon sens : « Si tu as besoin de médicaments pour finir, c’est que tu as raté quelque chose ». D’autres l’ont poussé plus loin : « C’est du dopage, clairement. J’ai déjà fini un marathon avec de la morphine. Tu ne sens plus rien et tu peux y aller. »
Le paracétamol comme dopage socialement accepté ?
Le dopage ne se résume pas aux produits interdits. Il repose aussi sur une logique : celle de vouloir améliorer artificiellement la performance ou masquer ses limites physiques pour atteindre un objectif. Sur ce plan, le paracétamol coche toutes les cases. Il permet de continuer à courir en masquant la douleur. Il n’apporte rien à l’entraînement, il ne soigne pas, mais il fait “tenir”.
Dans les pelotons, la frontière est d’autant plus floue que la culture du médicament est omniprésente, même chez les amateurs. Il est encore difficile, voire mal vu, d’abandonner sur un coup de mou ou une douleur passagère. Alors on serre les dents, on prend un cachet, et on repart. Cette pression implicite est un terreau fertile pour les conduites dopantes.
paracétamol # le vrai dopage, c’est d’oublier pourquoi on court
Au fond, le vrai débat dépasse la chimie. Il interroge notre rapport au sport. Pourquoi courir ? Pour cocher une case ? Pour battre un chrono ? Ou pour mieux se connaître, s’éprouver, ressentir ? L’entraînement, la récupération, l’écoute de soi, sont les vrais leviers de progression durable. Le médicament, lui, est un raccourci risqué, qui détourne le trail de ce qu’il peut apporter de plus profond.
Comme le disait un internaute : « Ce qui compte, c’est le chemin, pas le but. » Cette philosophie, souvent répétée mais rarement appliquée, devrait rester notre boussole. Car si l’on commence à considérer comme “normal” de se charger pour finir un trail, on perd plus qu’on ne gagne.
dopage ou non, la vraie question est ailleurs
Prendre du paracétamol en trail n’est pas (encore) interdit. Mais ce n’est pas pour autant une pratique neutre. Elle interroge notre rapport à la performance, à la douleur, et au respect de notre propre corps. Ce n’est pas tant la molécule qui pose problème, que l’intention qui la sous-tend. Et à ce titre, oui : quand il devient un réflexe pour finir une course, le paracétamol entre clairement dans la zone grise du dopage amateur.
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Cet article ne remplace pas un avis médical. En cas de douleurs persistantes ou de questions sur l’usage de médicaments, consultez un professionnel de santé.