L’ultra le plus extrême, le plus froid et le plus dur du monde, la Montane Yukon Arctic Ultra se déroule actuellement dans le grand nord canadien, depuis une semaine et touche bientôt à sa fin. A ce jour, près de 90% des participants ont abandonné, un seul a passé la ligne d’arrivée (Harm Feringa à vélo). Restent en 7 athlètes en lice : 5 sur la 600 à pied et 2 sur la 600 en fatbike.
Montane Yukon Arctic Ultra
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Les coureurs du 600 km du Montane Yukon Arctic Ultra ont au total 12 jours pour atteindre la ligne d’arrivée, soit jusqu’au 14 février.
Il leur reste à l’heure où nous écrivons ces lignes moins de 5 jours et 4 heures pour terminer. Si certains sont déjà relativement proche de la ligne d’arrivée, d’autres ont encore une sacrée distance à parcourir. 205 km pour Jessie Gladish, Joaquin Candel et Kasper Vanherpe, 267 km pour Pascal Bleys. A ce stade, il devient de plus en plus difficile de croire que ces coureurs pourront finir la course dans les temps, notamment au vu du nombre astronomique d’abandon des autres participants.
Tous les regards se tournent vers les deux français en tête de course : Guillaume Grima et Mathieu Blanchard.
S’ ils ont parcouru une première partie de course main dans la main, ils semblent désormais décidés à aller au bout de la compétition. Il reste 71km à Mathieu Blanchard, 97km à Guillaume Grima. Pour le directeur de course Robert Pollhammer c’est un vrai duel qui se déroule :
“Mathieu est actuellement devant avec une assez grande marge. Grâce à la communication moderne et aux trackers SPOT bien sûr il peut aussi savoir jusqu’où Guillaume est derrière lui.”
Les deux athlètes adoptent des stratégies de course légèrement différentes. Mathieu Blanchard va plus vite sur les sentiers eneigés, tirant sa pulka autour de 5.9km/h mais prend des pauses plus importantes.
Guillaume Grima va plus lentement, autour de 5.3km/h mais prend des pauses plus courtes. Pour le moment, la stratégie de Mathieu semble être plus efficace, l’écart se creusant peu à peu. Mais la partie est loin d’être terminée. La météo est au beau fixe, mais les températures sont absolument glaciales, tournant toute la journée entre -30°C et -40°C pour les 2 prochains jours.
Les 2 coureurs vont bientôt devoir s’engager dans les 70 derniers kilomètres, le long d’une voie bien particulière : le Dena Cho Trail.
Le Dena Cho Trail est un sentier de randonnée qui relie les communautés de Faro et de Ross River. Ce sentier suit une route traditionnelle utilisée par le peuple Kaska, offrant aux randonneurs une immersion dans l’histoire et la culture locales. À chaque extrémité du sentier, des sculptures accueillent les visiteurs. Mais ce parcours est également connu pour sa difficulté, notamment en conditions hivernales. Robert Pollhammer nous raconte :
« Tous les deux affronteront le Dena Cho avant d’atteindre l’arrivée de Faro. C’est une piste totalement différente. C’est beau avec des vues incroyables mais c’est aussi brutal, avec des hauts et des bas constants et extrêmement raides. Un faux pas et ils peuvent se tordre la cheville ou se blesser d’autres façons. »
Et le chemin n’est pas la seule difficulté qui attend les coureurs. Les conditions météo restent extrêmement dangereuses. Si ne pas rester en mouvement peut vite signifier la mort, aller trop vite peut également exposer à des problèmes très dangereux. Une transpiration trop importante risque de geler instantanément et de provoquer d’importantes gelures. Tout est donc une question de dosage, comme nous le confirme le directeur de course :
« Le grand danger c’est que Mathieu pousse trop fort. Ce n’est PAS un trail ultra normal. C’est la vraie affaire. Les erreurs peuvent avoir de très graves conséquences. Donc, Mathieu doit garder l’équilibre entre pousser/essayer de gagner et ne pas risquer sa vie. Il en va de même bien sûr pour Guillaume. »
Car bien sûr, la tentation est grande de tout donner dans la dernière partie, d’arracher la victoire. Il s’agirait d’une victoire dès la première participation pour Mathieu Blanchard, faisant le doublet avec la diagonale des fous. Il s’agirait d’une revanche pour Guillaume Grima, arrivé 2e lors de sa précédente participation à la course.
« Comme ça doit être tentant pour lui d’essayer de rattraper Mathieu… mais en même temps, il doit rester vigilant et être conscient des signes d’alerte précoce d’un effort trop dur. »
Le final de cette course s’annonce brutal, voire même dangereux pour nos deux athlètes français. Un enjeu que Robert Pollhammer a bien en tête :
« Cette course est loin d’être terminée et on croise tous les doigts pour qu’ils n’oublient pas que leur santé est plus importante qu’une victoire. »
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