Même si c’était il y a déjà un petit temps, on va revenir aujourd’hui sur ce que nous avons appelé assez ironiquement « la stratégie de l’abeille » mise en place par Kilian Jornet en 2022 pour remporter la Hardrock 100 et l’UTMB. Ceux qui ont suivi l’UTMB en 2018 s’amuseront probablement du nom donné à la stratégie.
On le sait, parmi les coureurs, Kilian fait plutôt partie des geeks ; il compte tout, calcule tout, ne laisse rien au hasard et parvient en parallèle à s’adapter à ses adversaires. Alors, pourquoi la stratégie de l’abeille ? Revenons en arrière.
kilian jornet – Nous sommes en juillet, puis en août 2022. En juillet, Kilian Jornet et François D’haene se livrent un mano à mano assez dingue pendant une majorité de la course, jusqu’au moment où Kilian a envoyé l’estocade finale à quelques kilomètres de l’arrivée. En août, c’est avec Mathieu Blanchard que Kilian se livre un duel qui restera probablement dans les annales. Ils restent ensemble, se dépassent mutuellement, jusqu’au moment où Kilian envoie une accélération qui l’amènera à la victoire finale. Même si ça s’est passé dans une descente à la Hardrock et dans une montée à l’UTMB, dans un cas comme dans l’autre, Kilian a fait la même chose (et l’avait expliqué plus tard).
kilian jornet
Pendant toute la période où il est resté avec François à la Hardrock et au cours de son duel avec Mathieu Blanchard, Kilian a passé son temps à les observer. Comment est-ce qu’il court ? Comment est-ce qu’il est en montée ? Comment est-ce qu’il est en descente ? Comment est-ce qu’il se comporte aux ravitos ? Comment est sa foulée ? Il avait toute une liste de points et de questions auxquels il essayait de répondre. A la Hardrock, il a compris que François serait prenable en descente, mais c’est surtout sur l’UTMB que c’est intéressant.
Si vous vous souvenez bien, Mathieu Blanchard faisait son retard dans les descentes, retard que Kilian creusait dans les montées. Et c’est à Vallorcine que tout s’est joué. Après son analyse, Kilian a tiré les conclusions qu’il souhaitait ; vu comme Mathieu Blanchard assurait en descente, s’il ne le déposait pas dans la montée vers la Tête aux Vents, il se ferait dépasser dans la descente après la Flégère. Aussi, l’accélération envoyée par Kilian juste après Vallorcine (qui l’a fait passer la Tête aux Vents avec huit minutes d’avance) n’était pas liée au hasard. Kilian a compris que s’il ne mettait pas son estocade dans la montée pour écoeurer son adversaire (tant moralement que physiquement), il ne serait plus en mesure de le faire.
Qu’est-ce que cette stratégie peut bien nous apprendre ? Que si le trail est, pour la majorité, une course avec et contre nous-mêmes, si l’on veut gagner des places dans les classements, il faut se connaître soi-même, mais il faut aussi savoir décoder ses adversaires. Regardez tout ce qu’ils font et comment ils se comportent, interprétez-le et choisissez le moment pour envoyer l’accélération dont il ne se relèvera pas. Alors oui, c’est peut-être la fin du « feeling », sauf que ça n’a jamais vraiment existé sur des ultras, tant pour les pros que pour les amateurs.
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crédit photo : athlète